Les Droits Humains au cœur de la République pour un vivre-ensemble solidaire
Lettre ouverte au Président de la République
Monsieur le Président de la République,
Les droits culturels des personnes ont été reconnus comme responsabilité publique partagée des collectivités et de l’Etat. C’est une avancée démocratique qui répond aux développements des valeurs d’humanité que nous défendons.
Il nous revient en mémoire le préambule de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme : « La méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, est à proclamer comme la plus haute aspiration de l’homme. »
Au sein de l’ensemble indivisible et universel des droits humains, les droits culturels nous invitent à réinterroger les mots, les pratiques, les politiques publiques. Démarche incontournable si l’on souhaite que se développe un dialogue respectueux entre les personnes sur les territoires.
Ils nous invitent à mettre en dialogue les pratiques dans leur diversité et à dépasser les logiques de « démocratisation » et d’accessibilité aux « œuvres » pour permettre des relations interculturelles plus équitables et plus justes. Ils se nourrissent d’expérimentations tout autant que de partages des savoirs, des pratiques, des croyances et des imaginaires.
Ils nous invitent au décloisonnement, à la coopération entre les champs artistiques, de l’éducation, de la santé, du social… et à reconnaître les personnes dans leur globalité. Ils positionnent les acteurs artistiques comme une composante agissante et responsable mais non exclusive.
En termes de politiques publiques, la reconnaissance des droits culturels des personnes fixe des impératifs de participation citoyenne, de co-construction de l’intérêt général et d’évaluation partagée. Elle redonne du souffle à la politique culturelle en soutenant la progression des libertés d’expression et des capabilités des personnes. Elle exige une action publique qui encourage la diversité des initiatives citoyennes, associatives, comme composante incontournable de sa construction.
Nous, acteurs artistiques et culturels réunis au sein de l’UFISC, revendiquant un engagement culturel et solidaire, fondé sur la reconnaissance de l’égale dignité des personnes, de leur solidarité et de leur pouvoir d’agir, nous nous opposons, avec la plus grande force, à toutes les idées xénophobes, de haine et de repli que l’extrême droite infuse dans la société. Les orientations ultralibérales des politiques nationales et européennes décidées ces dernières années participent de ce mouvement. Nous constatons que la diversité culturelle est aujourd’hui menacée par les phénomènes de concurrence et de concentration. Que la logique d’austérité réduit les possibles à construire en commun. Et que plutôt que dans l’exacerbation de la sécurité, de l’interdiction et de la fermeture, notre force réside dans la liberté d’expression et le partage.
Le gouvernement doit prendre la mesure de sa responsabilité pour endiguer cette montée du rejet de l’autre qui menace le vivre ensemble.
C’est pourquoi, dans le cadre de notre mouvement « L’Art est public », nous appelons à penser des politiques culturelles réinventées.
Nous demandons notamment :
- des cadres concertés pour construire et mettre en œuvre l’action publiquedans une vision décloisonnée (arts, éducation, santé, action sociale…), associant les acteurs professionnels, les citoyens, les collectivités et l’État sur les territoires, à des fins d’équité et de diversité, associés à un droit à l’expérimentation notamment dans le soutien aux coopérations ;
- la reconnaissance dela contribution à l’intérêt général de la diversité des initiatives citoyennes, vecteurs d’émancipation et de participation, et leur soutien dans la durée.
- le soutien à une observation participative et partagéequi renouvelle les indicateurs de richesse et permet des démarches de progrès ainsi que la mise en place d’un comité d’évaluation du développement des droits culturels.
- le développement des droits sociaux dans le cadre d’un modèle social solidaire assis à la fois sur la garantie des droits fondamentaux et la coconstruction, pour renforcer des conditions de travail et de protection des parcours respectueuses de la dignité des personnes.
- le soutien aux structures de l’économie sociale et solidaire, non lucratives, qui poursuivent des fins d’utilité sociale, et développent des dynamiques territoriales, innovantes et coopératives, cruciales dans un monde en transition.
Les organisations membres de l’UFISC
> Lire le Manifeste de l’UFISC pour une autre économie de l’art et de la culture.